Cela fait trois jours que je réfléchis à l’affaire Duhamel. Le sujet n’est pas simple. Et il y a évidemment du pour et du contre. Je vais essayer de vous faire partager mon cheminement personnel sur cette question.
Rappel les faits. Video Alain Duhamel
D’abord comme beaucoup de ceux qui aiment la politique et qui sont de ma génération, j’ai grandi avec Alain Duhamel. De Cartes sur Table à l’Heure de Vérité, des soirées électorales à son billet radio matinal,il est de ceux qui ont contribué à me donner envie de « faire de la politique ».Et puis, quelque soit son choix, qui peut douter de l’intégrité et de l’impartialité de celui qui est devenu au fil des votes des français, au-delà des modes et des alternances, un monstre sacré, ? Sa rigueur l’aurait même sans doute même contraint à être encore plus percutant dans ses interviews de Bayrou, et à l’épargner encore moins dans ses analyses.
Pour toutes ces raisons subjectives et objectives, ( et aussi parce qu’il aime les dîners qui finissent à 22h30 !), je n’ai pas envie de crier avec les loups. Et puis il a lui-même concédé une part d’erreur. Alors la compassion aurait pu suffire à ce que pour tant de bons et loyaux services rendus à la vie politique, on assiste pas à cette réaction disproportionnée.
Mais sur le fond, et après encore une fois beaucoup de réflexion, je pense qu’un journaliste ne doit pas afficher un choix politique . Le journaliste raconte, analyse, commente , confronte ses sources, mais n’exprime pas de préférence. C’est d’ailleurs pour tous ceux qui ont des doutes sur les frontières, la vraie différence avec un bloggeur qui lui n’est soumis à aucune déonotologie, pas même celle de dire la vérité.
J’entends l’opinion pas fausse de ceux qui dénoncent l’hypocrisie des choix devinés mais non assumés de certains journalistes. Sans doute quand on entend , l’ interview matinalement docile de Sarkozy, même réalisée par de grands interviewers, on peut se dire qu’après tout, afficher la couleur serait plus honnête.
Mais face à Internet, à son cortège de rumeurs et de hoax, la meilleure réponse du journaliste c’est la déontologie. C’est à ce titre que la mise à l’écart d’Alain Duhamel, dont on ne peut pourtant suspecter l’impartialité fait sens. C’est de surcroît parce qu’Alain Duhamel est depuis 20 ou 30 ans, un symbole vivant de l’indépendance, de l’impartialité de la rigueur, que sa prise de position devenue publique impose la clarification.
Pourtant la sanction est disproportionnée.Pourtant l'éditorialiste a reconnu son erreur.Et puis franchement une campagne électorale sans Alain Duhamel, n’est plus tout à fait une campagne électorale. Alors, même s’il n’aurait pas dû…, amnistiez Alain Duhamel !
Ps 1 : Le point révèle cette semaine que la directrice de la Police Judiciaire, Martine Monteil affiche son soutien à Sarko. Le devoir de réserve ne s’applique pas aux hauts fonctionnaires ?
PS 2 : je ne sais pas si je suis l’auteur de la formule, parce qu’il n’y a pas de droit d’auteur sur Internet, mais la formule « plus rien n’est off » que j’avais utilisé dès novembre 2006 a été maintes fois reprises depuis la diffusion de la vidéo d’Alain Duhamel. L’ épisode de cette semaine en est en effet une nouvelle démonstration.
Voici le post en question http://bensan.typepad.com/ben/2006/11/plus_rien_nest_.html
Les commentaires récents