« A la fin c’est comme l’Allemagne au foot, le système gagne toujours. »
« Lecanuet, les Rénovateurs, Bayrou, personne n’a réussi »
« Le FN a un plafond de verre »
« Le 3ème homme, ça fait les unes des médias mais ça ne dure jamais très longtemps »
« En entrant dans l’isoloir, les français reprennent leurs habitudes et votent pour ceux qu’ils connaissent, depuis longtemps »
« Sans parti structuré, on n’y arrive pas »
« Les français voudront savoir avec qui leur Président gouvernera »
« Les députés vont penser à leurs investitures »
« De toute façon pour 2017, celui qui gagnera la primaire de la droite, sera Président »
Bien sur tous ces arguments sont justes. Bien sur l’histoire politique est pleine de tentatives hors-parti, anti-système qui n’ont jamais dépassé les unes des médias, quelques vagues de sondages, ou ont buté sur le premier tour de la présidentielle. Bien sûr Macron n’est pas au second tour, et Le Pen n’est pas donné gagnante des sondages. Evidemment, les anti-système qu’ils soient du côté de Le Pen, du centre Macron/Bayrou, de la gauche de la gauche Mélenchon/Montebourg ne partagent rien, et n’ont aucune convergence tactique ou politique. Bien sur l’élection de 2017 qui aura lieu sous la menace terroriste n’est pas, contrairement à 2007 une campagne d’optimisme et d’espérance, un terreau propice pour le saut dans l’inconnu. Il y a donc peu de chances pour que 2017 échappe aux canons traditionnels de notre vie politique.
Et pourtant ?
Rarement à 8 mois du scrutin, une élection présidentielle n’aura semblé aussi incertaine, jamais l’offre politique n’aura semblé si fragmentée et n’aura semblé aussi éloignée des attentes d’une majorité de nos concitoyens. Jamais le rejet de la politique traditionnelle n’aura été aussi élevé : les sans préférence partisane représentant désormais près d’un tiers des électeurs soit plus que l’addition des sympathisants LR et PS réunis.
Et pourtant la perspective de la revanche Hollande-Sarkozy est l’affiche qui laisse le plus d’espace à Marine le Pen.
Et pourtant Montebourg &Co peuvent faire chanceler le président sortant au soir de la primaire.
Et pourtant Jean-Luc Mélenchon pourrait, si Montebourg n’y parvenait pas pendant la primaire, structurer une gauche alternative qui talonnerait - ou dépasserait ?- un Hollande affaibli par un mandat sans soutien, et une primaire sans élan.
Et pourtant le favori toutes catégories des sondages, Alain Juppé, apparait moins invincible et ne soulève pas l’enthousiasme.
Et pourtant François Bayrou, après avoir connu enfer et purgatoire, est toujours là.
Et pourtant qui peut dire que les primaires, mêmes réussies, enfermeraient à gauche comme à droite les électeurs des vaincus dans le vote pour le candidat investi ?
Et pourtant l’entrée en campagne d’Emmanuel Macron fait osciller les courbes, comme une petite secousse sismique que le paysage politique n’a pas connu depuis longtemps.
Et pourtant dans tous les scrutins depuis 2012, le FN n’a cessé de progresser entre les deux tours, laissant possible un score de second tour frôlant à minima les 40 % si elle vire en tête au premier.
Mais on le sait à la fin le système l’emporte toujours…
Cette fois-ci, en sommes-nous surs, vraiment ?
Bernard SANANES
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