Les déclarations pro-Hollande de Jacques Chirac, même démenties, alimentent chez moi une question que je me pose depuis longtemps. Si la gauche gagnait l'élection présidentielle, une "ouverture a l'envers" est-elle possible ? Un président de gauche tenterait il d'entraîner à lui des personnalités de la droite ou du centre droit? Le voudrait-il ? Le pourrait-il ?
En fait la premier question est la plus complexe. Pour l'emporter un président issu du PS aurait forcément conclu un accord sous une forme ou sur une autre avec ses allies écologistes et du front de gauche. Cet accord serait il exclusif et lierait-il les mains d'un nouveau locataire de l Élysée pour toute initiative de ce genre ? Sans doute. Mais après des législatives gagnées, une telle hypothèse ne retrouverait elle pas du crédit pour affronter les grands défis du quinquennat et surtout pour brouiller les lignes, diviser le camp vaincu comme a réussi a le faire Nicolas Sarkozy en 2007 ?
Revenons à la deuxième question, le pourrait il ? Trouverait il "preneur" .Face à une droite divisée par la défaite, et évidemment encore plus déchirée si celle-ci survenait des le premier tour face à Marine Le Pen et que la question des alliances se posait à nouveau, pourrait elle rester d un bloc? ? Des personnalités, isolées ou pas, pourraient elles être tentées de franchir le rubicon ? Politique-fiction oui bien sur. Hypothèse peu probable, oui sans doute.Mais peut on être sur que l'ouverture ne sonnera jamais deux fois? Auquel cas l'ouverture Sarkozyste restera dans les annales comme une exception dans notre histoire politique.
Bernard SANANES
Ps: peut être à tort, mais je fais une différence entre la stratégie de 2007 et celle de Mitterrand en 1988 qui s'apparentait plus à du débauchage individuel de personnalités de moindre envergure,et qui n'était pas assumée comme une véritable stratégie politique, au contraire de Sarkozy qui l'a imposé dans un premier temps,un peu "contraint et forcé" à la formation politique qui était son principal soutien.Rappelons que ce qui aurait été une véritable ouverture,proposée par Rocard, avec l'instauration d une part de proportionnelle avait été refusée par Mitterrand.
Les questions que vous posez sont fortes intéressantes et pour ma part, je pense que:
Oui! l'ouverture "à l'envers" peut-être possible dans 2 cas de figures si la gauche gagne en 2012:
1- Si au soir du premier tour nous avons un duel PS - Marine le Pen et que Nicolas Sarkozy est éliminé,on aura le remake de 2002,on appellera (à raison)à faire barrage au front national et le candidat PS sera élu à des scores indignes d'une démocratie mûre comme la nôtre (C.f. score de Chirac 81,3% en 2002) .
Dans ce cas précis,la gauche sera obligée de faire un gouvernement d'ouverture car, sauf amnésie générale, le principal reproche que l'on a fait à Jacques Chirac , c'est d'avoir oublier les conditions de sa réélection et de n’avoir pas saisi cette occasion pour "rassembler" les français. Il le regrette apparemment aussi, puisqu'il y fait allusion dans le tome II de ses mémoires.
La gauche fera donc l'ouverture dans ce cas précis et même si elle ne veut pas, elle le devra et les alliés écologistes n'y pourront rien.
2- Deuxième cas de figure: pas très probable d'après les sondages mais, en politique, rien n'est joué par avance car,en 24 heures tout peut basculer comme le montre le cas DSK.
-Ségolène Royal gagne les primaires et est la candidate du parti socialiste. Elle est en tête au premier tour
- Nicolas Sarkozy est deuxième et François Bayrou ou Jean-louis Borloo sont l'un ou l'autre troisième
Ségolène Royal proposera une alliance aux centristes comme elle l'a fait avec François Bayrou en 2007 . François Bayrou par exemple ne dira pas non deux fois à Ségolène Royal par peur d'être accusé d'avoir laissé filer Nicolas Sarkozy.
Si elle gagne, elle n'hésitera pas et n'aura aucun scrupule à faire entrer des centristes ou des gaullistes dans son gouvernement. Son credo est d’ailleurs qu'elle rêve de rassembler de l'extrême gauche aux centristes "humanistes" et elle l'a fait dans sa région . L'un des reproches que ses "camarades" lui ont d'ailleurs fait lors du fameux congrès de Reims est de vouloir faire alliance avec le modem.
Par contre, là où je vous rejoins c'est que la stratégie ne sera pas la même s'il y a une ouverture à "l'envers" à gauche.
L'ouverture de Nicolas Sarkozy en 2007 avait pour but de réduire à néant l'opposition de façon à la rendre inaudible et inutile aux yeux des français et brouiller ainsi les cartes. Cela passait par des prises de guerre qui représentent des idées phares de la gauche(Bernard Kouchner avec les droits de l'homme par exemple ) et des symboles comme Rama Yade, Rachida Dati et Fadela Amara(qui représentent la diversité que la gauche est censée défendre et qu'elle aurait "abandonnée")
Sous-entendu,la gauche ne sert plus à rien puisque Sarkozy défend ses idées. Bref du deux en un.
Conclusion:
L'ouverture de la gauche sera une ouverture de "principe" au non des valeurs humanistes et sur la pression du microcosme médiatico-politique parisien surtout si le front national est au second tour.
Les médias se chargeront de leur rafraîchir la mémoire sur ce qu'ils avaient dit après l'élection de Jacques Chirac.
Rédigé par : Solange moume | 24/06/2011 à 01:08