Longtemps on a pensé et constaté qu’il y avait de fortes différences entre le vote des militants et celui des sympathisants ou des électeurs proches de telle ou telle formation politique. Le militant favorisait souvent la force et la pureté de la « ligne politique », mais aussi bien sûr la logique d’appareil, les services rendus, la légitimité interne. De son côté le sympathisant, l'électeur proche, privilégiait la notoriété, la popularité ou la visibilité conférée par les médias. On ne compte plus au niveau national ou local, le nombre de candidats pourtant favoris de l’opinion, mais qui étaient écartés au sein leur formation politique, par le vote des militants.
Par trois fois depuis 2007, trois consultations internes importantes, ont montré en France, certes dans des configurations différentes, un rapprochement entre les deux votes, celui des militants et celui des sympathisants. Fin 2006, c’est par l’opinion et contre les jeux d'appareil que Ségolène Royal, conquiert la désignation aux primaires socialistes pour la présidentielles de 2007. En 2010, c’est parce qu’elle est la favorite de l’opinion que Valérie Pecresse terrasse Roger Karoutchi pourtant perçu comme le favori des militants dans la primaire UMP pour les régionales en Ile de France. Enfin aujourd’hui, et même si le poids des Le Pen sur les cadres du FN a pesé fortement sur un appareil divisé, c’est la percée médiatique de Marine Le Pen qui est l’élément discriminant de sa victoire au congrès du FN. Derrière cela, il y a une même et unique leçon. Les militants ne choisissent plus seulement celui dont ils se sentent le plus proches idéologiquement ou relationnellement ; ils choisissent d’abord et avant tout celui qui peut les faire gagner. Cette évolution est logique. Moins idéologiques, moins structurés, moins présents dans la société, les partis ont désormais, avant toute chose, une fonction « utilitaire » aux yeux de leurs militants comme de leurs sympathisants : désigner les candidats.
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